Quand j’étais petite, avec mes parents, tous les étés on “partait en vacances”. Ça prenait des formes et des destinations différentes à chaque année, mais ça impliquait nécessairement un road trip. Je suis née sur la Côte Nord, tu prends ton char pis tu sors, c’est de même que ça marche.
Et je me rappelle que chaque été j’étais fascinée par ça: (voir photo)
Y’en a pas de ça par chez-nous. J’en voyais majoritairement sur le bord des autoroutes, une autre affaire qu’on a pas par chez-nous, donc dans ma tête, l’association s’est crée rapidement: c’est des fleurs de vacances.
Je me rappelle aussi que j’étais (et suis toujours) fascinée par la couleur. Un genre de bleu mauve, pas foncé mais pas pastel non plus, étalé sur une tige en longueur à travers des feuilles vertes foncées.
Et chaque année, je demandais “Mais c’est quoi cette fleur?”. Personne savait. Les réponses allaient de “je l’sais pas” à “c’est juste des mauvaises herbes, on s’en sacre c’est quoi”.
Fait que c’était des mystérieuses fleurs d’un bleu mystérieux, qu’on trouve juste quand on part en vacances. C’est resté comme ça pendant plusieurs années.
Quand je suis partie de chez mes parents, je suis venue m’installer à Québec. J’avais pas d’auto au début donc j’étais pas souvent sur les autoroutes. Et les étés, je les travaillais donc pas de road trips. Les fleurs me sont sorties de la tête.
J’en revoyais à l’occasion et ça me faisait sourire à chaque fois, mais sans plus.
C’est plusieurs années plus tard, quand j’ai pris mes cours d’herboristerie que je les ai recroisées officiellement. On se promenait dans un champ pour identifier des “mauvaises herbes”, pis on a fini par tomber sur elles.
Enfin, j’avais quelqu’un avec moi qui allait pouvoir me répondre! “C’est quoi ÇA?” en pointant les grappes bleues. Ça, c’est de la chicorée! Les nuages se sont tassés, y’a un rayon de soleil qui est descendu dessus avec de la musique d’orchestre sortie de nulle part.
Je vous parlerai pas en long et en large de toutes ses propriétés bienfaisantes, not the point.
La seule chose que je vais mentionner c’est que je savais ce que c’était, sans savoir ce que c’était, parce que la chicorée, ça a longtemps (et c’est encore) utilisé comme substitut au café. On torréfie les racines, ça donne un breuvage foncé très gouteux et sans évidemment goûter le café, ça donne dans la même veine. Maintenant on a des procédés fancy pour prendre du vrai café et le décaféiner, mais ça a pas toujours été le cas.
Ce qu’il faut maintenant savoir, c’est que je suis amateure de café depuis mon plus jeune âge. À 5 ans, mon père me gardait la dernière gorgée de sa tasse, tsé celle qui est frette, full sucre déposé, pis c’était mon petit bonheur de la journée. Bon maintenant je recommande définitivement pas de faire ça, mais pour moi c’est trop tard.
Une addict était née!
C’est pas tant la quantité que je bois que ça me le prends pour bien commencer la journée. Et oui évidemment y’a le phénomène de la caféine qui y est pour de quoi, mais j’ai bu du décaf à mes deux grossesses pis j’y prenais autant plaisir.
L’odeur des grains quand je remplis la machine, quand l’eau chaude passe au travers, doser mon lait et mon sucre (sirop d’érable en fait), c’est ma petite routine pour me starter le matin. Tenir ma tasse chaude, souffler un peu dessus pour pas me brûler avec ma première gorgée (me brûler quand-même avec la première gorgée, j’ai aucune résistance à la chaleur!) en attendant mes toasts.
Ou après un bon repas, avec le dessert, duo parfait!
Un peu comme le pêcheur qui met toujours sa casquette “chanceuse” pour aller pêcher, parce qu’il pogne ben plus de poissons avec elle que n’importe quelle autre, c’est comme mon petit rituel pour que ma journée commence bien. C’est pas un gage de rien, mais au pire, à la fin de la journée, au moins j’aurai eu mon café!
Fait que quand elle m’a dit “ah ça c’est de la chicorée”, j’ai tout ça qui m’est venu en tête d’un coup, tout pêle mêle, pis j’ai éclaté de rire. Ben oui toé! J’aurais dû m’en douter hein!
Donc mes mystérieuses fleurs de vacances, symbole du début de mes péripéties estivales, sont directement liées à mon café matinal, symbole du début de mes péripéties quotidiennes.
Maintenant, je suis en vacances à tous les jours. Simple de même!